Même endroit, mêmes horaires. On discute de tout, sans vraiment de tabou.
Un dimanche après-midi pluvieux je lui propose de faire une série photo dont il serait l’effigie.
- Alors, ça t’arrange quand toi ?
- Et bien là je suis emmerdé… Ma secrétaire est partie en vacances, elle n’est pas encore revenue.
- T’es con…
Philippe loves smoking.
Philippe
Récent acquéreur d’un téléphone, on discute souvent par SMS. RDV est donné devant le Carrefour, un vendredi à midi. Parti est pris que je lui montrerai les lieux que j’affectionne particulièrement, histoire de le sortir de son quotidien quoi - un instant du moins..
Nous voilà partis, armé de deux boîtiers et Philippe d’une enceinte et d’une cannette dans un sac plastique. Malgré une modeste condition physique, les pentes abruptes du XVIIIe ne l’effraient pas. C’est un enfant des collines de Paris. Avec sa bande Junot, ils retrouvaient la bande des Abbesses, allée des brouillards.
Cherchant un logement depuis longtemps , il balance presque pragmatiquement : - J'ai 52 ans, pas de femme, pas d'enfant et en plus je suis français. J'suis pas prioritaire.
Culture beatnik oblige , dès la 6è il écoute des groupes comme Telephone, Trust, Pink Floyd. S'en suivront les romans de Bukowski, Hemingway ou encore Franck Thilliez.Il intègre les cuisines de l'armée à à peine 18 ans alors que sa mère s'inquiétait de ses fréquentations. Sacré coeur, Paroisse St-Pierre - où il fut baptisé - , Rue Caulaincourt, Abbesses, Boulevard de Clichy, à chaque croisement son anecdote. Il est déjà 16 heures, je repasserai pour l'amener "chez moi".
Ecrire c'est se dévoiler, marcher aussi.
Diego Parlange Photographer
French documentary & fine-art photographer. Switzerland / France